.O.
24/03/2018
Dites, c'est vraiment le meilleur film de l'année pour les Américains ? C'est ce que suppose l'obtention de l'Oscar du meilleur long métrage (ainsi que ceux du meilleur réalisateur, des meilleurs décors et de la meilleure musique pour un Alexandre Desplat en toute petite forme) mais les Italiens ont aussi semblé conquis à Venise puisqu'il a obtenu le Lion d'Or ! Pour moi ce n'est qu'un film moyen réalisé par un amoureux des ambiances que créaient Jeunet et Caro à la fin du siècle dernier (mais qui botte en touche en disant que tous sont des enfants de Terry Guilliam !).

Avoir comme réalisateur un admirateur des deux Français qui ont réalisé Amélie Poulin, La Cité des enfants perdus ou Délicatessen n'est pas gênant mais la poésie qui pouvait m'embarquer dans les films des deux compères fait place ici à une niaiserie que j'ai eu du mal à laisser couler (attention métaphore !).

Le film ressemble à un énorme homage à tous les styles de films l'ayant précédé mais un homage mal digéré. Les références sont donc nombreuses :
- de la petite histoire d'amour bien gnangnan
- du film de gangster avec le "grand méchant" qui a tous les attributs de ceux des anciens James Bond (l'absence de subtilité...),
- le traître russe est là pour nous rappeler les plus grandes heures de la guerre froide,
- la forme mystérieuse qui arrivera à communiquer sans difficulté avec la seule personne qui ne parle pas de tout le film pour un clin d'oeil à Abyss et un manifeste pour la langue des signe (ou pas).

C'est trognon, on ne se demande pas une seule seconde comment les deux balayeuses peuvent avoir accès aussi facilement à une pièce qui est constamment sous vidéo surveillance sans pour autant que les bandes ne soient jamais regardées.... tout ce qui se passe dans ce labo ultra secret est censé créer un climat de tension et d'exaltation qui ne se traduit jamais dans les faits.

Le scénario qui joue une resucée de la Belle et la Bête est ponctué de quelques sentences (en langue des signes ou à l'oral) pour faire l'éloge de la différence. les bons sentiments ne s'arrêtent pas là avec le personnage russe qui voudrait s'affranchir mais qui sait que ça le mènera dans le mur, le voisin qui voudrait faire son coming out mais qui ne fait pas la différence entre les phrases commerciales débitées mécaniquement par un serveur et le véritable appel du cœur, la meilleure amie de l'héroïne qui essaye d'exister dans un couple où elle tourne en rond....

La thématique est marquée et il aurait fallu quelque chose de plus solide ou de plus fou pour emporter le morceau. À la place le film prend l'eau à force d'annoncer bien en avance ce qui va se passer, les péripéties qui devraient  impulser de la vie dans le film se succédant sans créer la moindre émotion. Les décors sont là, les personnages aussi mais pas une seule fois je ne me suis senti concerné, impliqué par cette quête improbable et incroyable.

Du coup je me suis ennuyé et les incohérences de l'histoire sont apparues de manière plus criante, surtout quand la fameuse forme de l'eau se trimbale dans la baignoire de l'héroïne défiant la poussée d'Archimède à chaque plongeon dans ce contenant rempli à ras bord..